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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 13:40
" Fer jadis tant a craindre, et qui dans cette offense,
   M'a servi de parade et non pas de défense"
   Corneille- Le Cid
 


       Voilà exactement ce que j’aurais pu dire à mon parapluie hier soir, et ce que je risque d’avoir à lui répéter souvent d’ici la fin du  mois de décembre. Certes, c’est là une manière bien emphatique de s’adresser a un parapluie, mais le parapluie singapourien a tout  fait pour se distinguer des autres, il faut donc en tenir compte quand on lui parle si l’on veut être entendu…

 
       Depuis quelques temps, la saison des pluies envoie des émissaires pour  rappeler son arrivée. Elle fait bien les choses, envoyant d’abord  crachins, puis  petites pluies éparses, suivies des averses qui s’en vont, grossissant, se déverser sur les malheureux piétons.  Le problème est qu’en terme d’utilité,  le parapluie sous de tels rideaux d’eau est un concurrent direct de la petite cuiller qui prétendrait vider l’océan.  


                                                  IMGP3942.JPG
       Alors à quoi sert-il ? Son secret vient de la réussite d’une manoeuvre politique: niant le principe démocratique de séparation des trois pouvoirs, il a installé sa dictature.
       
       Il a tout d’abord versé quelques pots de vin au climat, dont la vénalité est bien connue, pour qu’il affiche une température bien  élevée et rende plus discret le limogeage de son rival, le manteau à capuche. Ainsi, après une autocritique publique dénonçant son inutilité flagrante sous 32 degrés, celui-ci a disparu du territoire singapourien. Des témoins l’auraient entendu se lamenter  « ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, n’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?…»  avant qu’il ne passe la frontière vers la Malaisie. 

        
A qui allait-on remettre son pouvoir ? Au parapluie ? Ses antécédents n’étaient pas vraiment connus… mais son argument a fait mouche. «  Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, et pour leur coup d’essai veulent des coups de maître ».  Le voilà investi d’un second pouvoir. Mais l’argument du « deux en un » ne suffisait pas pour l’imposer, et son autorité était encore la cible de contestations. Il en fallait un troisième.
     
       C’est alors que, jaloux depuis toujours des conditions de travail de sa sœur l’ombrelle, (toujours de sortie quand il fait beau pour protéger le teint pâle de ces dames, mais faisant elle-même pâle figure dès que le soleil se cache) il a décidé de passer à l’action ouvertement, dangereusement même. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire » réfléchit-il.  Il l’a donc chassée de ses fonctions, lui a trouve un beau placard, et a usurpé son nom pour se faire appeler «  umbrella ». La passation de pouvoir n’a pas eu lieu sans encombre. Quelques vieux sages du pays sentant se profiler l’ombre de la tyrannie, et étonnés de voir un être si jeune concentrer tant de pouvoirs entre ses mains, ont décide de l’interroger. Les archives donnent accès à cet extrait d’entretien :
                       Un sage:                       " Parapluie, as-tu du cœur "
                       Un autre sage :            " Parle sans t’émouvoir !" 
                       Le parapluie:                "  Je suis jeune il est vrai mais aux âmes bien nées,
                                                                 La valeur n'attend point le nombre des années"

       Convaincus, les sages ont remis au parapluie les pouvoirs de l’ombrelle. Le tour était joué. Pour ne pas attiser la colère de la population dont l’attachement affectif à l’ombrelle durait, le parapluie a choisi d’introduire un peu de fantaisie à son uniforme officiel pour rappeler le style de sa sœur. Turquoise, à pois, imprimé de panthères roses ou de statues de la liberté, il se décline sous toutes les couleurs et tous les motifs imaginables, à l’inverse de son homologue parisien de la Défense, qui reste toujours sombre. Son ambition démesurée veut maintenant le porter au rang suprême d’accessoire de mode.

                                                              
                                  
       Comment voulez vous qu’après ça je lui dise d’un ton banal « t’aurais au moins pu faire ton boulot de parapluie ! » ? 

++
Diane



 

 

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commentaires

N
Coucou Dianoute !<br /> <br /> Ton blog est vraiment fabuleux ! et tu as des talents d'écrivain certain :-) <br /> <br /> A très bientôt !
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L
Il est temps que votre stage arrive à son terme.Depuis votre arrivée chez TOTAL, les cours du baril on littéralement flambé...Les désordres engendrés pour l'économie modiale sont énormes. Nous vous remercions de manifester vos compétences et votre efficacité avec davantage de discrétion.
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A
Parapluie, à "poids" il est si lourd que ça ? :p
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J
Pendant mes deux premiers mois à Brest je t'aurai dit que cette accessoire était inutile. Mais depuis deux semaines il serrait le bien venu ;-)
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